« Pensez écologique, n’imprimez ce mail qu’en cas de nécessité », « et si l’on contribuait à la sauvegarde de la planète en privilégiant les devis et factures numériques ? ». Souvent, au nom de l’environnement, nous sommes encouragés à abandonner les supports papier au profit du format numérique. Malgré cela, le papier est loin d’avoir dit son dernier mot ! Le numérique, qui fait désormais partie intégrante du quotidien de chacun, dans la sphère professionnelle comme dans la sphère privée, n’est d’ailleurs pas si vert et respectueux qu’il puisse paraître. L’impact environnemental de la filière numérique est en effet loin d’être anodin, bien au contraire.
À l’inverse, l’industrie papetière fait de réels efforts pour réduire son empreinte carbone : papier recyclé, impression sans reliure écoresponsable… De nouveaux moyens sont développés pour préserver les ressources naturelles. Alors, papier ou numérique ? Lequel de ces deux secteurs est le plus écologique, ou dans tous les cas le moins néfaste pour l’environnement ?
L’impact environnemental de la filière numérique
Des études portant sur le numérique ont attesté du réel impact de cette filière sur l’environnement. Un impact qui jusqu’à aujourd’hui était quelque peu oublié en raison des nombreuses campagnes en faveur de la dématérialisation qui ont été menées. D’après ces études, le secteur numérique est responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Et cette empreinte carbone ne cesse de croître : elle pourrait même grimper jusqu’à 16 % d’ici 2025 si des mesures concernant les usages du numérique ne sont pas prises.
Ces émissions se répartissent notamment entre les infrastructures réseaux (28 %), les centres de stockage de données ou datas centers (25%), et les équipements technologiques (47 %), qui font partie intégrante du quotidien des ménages du monde entier. Ces équipements concernent notamment les smartphones, tablettes, ordinateurs portables et autres objets connectés. Notons que les GES générés par la filière numérique découlent autant des étapes relatives au processus de production que de l’ensemble du cycle de vie des produits finaux.
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Prenons l’exemple d’un ordinateur. La fabrication de ce matériel informatique requiert environ 800 kg de matières premières et engendre des émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui avoisinent 124 kg, sur les 169 kg au total que l’équipement génère jusqu’à sa fin de vie. Le transport des produits jusqu’aux consommateurs finaux impacte aussi lourdement ces données.
Et l’industrie papetière ?
L’impact environnemental de la filière papier est aussi une réalité. Les GES qui proviennent de cette filière sont surtout dus à l’exploitation des forêts ainsi qu’au cheminement des matières premières jusqu’à l’usine. Le fort impact environnemental s’explique aussi par l’utilisation de produits chimiques tout au long du processus de fabrication.
Dans l’Hexagone, le secteur est parvenu à maîtriser ses émissions de CO2 grâce à l’emploi de méthodes alternatives qui privilégient des déchets de scieries, des résidus issus des coupes d’entretien des espaces boisés, des papiers et cartons récupérés, et surtout à l’utilisation de la biomasse employée dans la production d’énergie (écorces, plaquettes forestières, liqueur noire, fibres impropres à la production de papiers…).
En utilisant massivement la biomasse au détriment des combustibles fossiles, l’industrie du papier s’inscrit dans une démarche qui lui permet de minimiser sa consommation énergétique et, de ce fait, son empreinte écologique. Utiliser du papier, notamment du papier recyclé, pour imprimer le document sans reluire comme désiré n’est donc pas forcément nuisible pour l’environnement.
Écologie : une longueur d’avance pour la filière papier
Les filières du numérique et de l’industrie papetière ont un impact environnemental et climatique non négligeable. Pour autant, la Poste, avec son étude « pour une communication responsable » dévoilée le 15 octobre 2020, est parvenue à démontrer que l’impact environnemental de la filière papier était inférieur à celui du numérique.
La réalisation de cette étude a été confiée à un cabinet indépendant mondialement connu : Quantis. Celle-ci a été motivée par le souhait de la Poste, acteur engagé dans la transition écologique, de contredire l’idée reçue selon laquelle nous pouvons contribuer à préserver la planète en abandonnant complètement le papier, au profit de la dématérialisation.
Dans la réalisation de cette étude, Quantis s’est appuyé sur l’analyse du cycle de vie (ACV) pour comparer les supports papier et numérique. Régie par les normes ISO 14040 et 14044, l’ACV prend en considération les quantités d’énergie et de matières qui interviennent tout au long du cycle de vie d’un produit ou d’un service. Ceci pour appréhender les impacts dudit produit ou service autant sur l’environnement que sur la santé humaine.
Ces impacts ont été mesurés selon 16 indicateurs environnementaux, tels qu’ils sont définis par la méthode Product Environmental Footprint (PEF) de la Commission européenne. Ils sont regroupés dans 5 grandes catégories, à savoir les écosystèmes, les ressources, l’eau, la santé humaine et le changement climatique.
Dans le but d’apporter une dimension plus concrète à l’étude menée, Quantis a sélectionné 5 usages ou scénarios : publicité pour une marque automobile, catalogue d’une marque de mobilier, prospectus pour une chaîne de restauration, facture d’électricité et promotion d’une enseigne de grande distribution.
Dans 4 de ces scénarios, les chercheurs de Quantis ont montré que l’impact écologique du papier était moindre comparativement à celui du digital.
- Publicité pour une marque automobile : le print affiche une empreinte écologique favorable sur 13 des 16 indicateurs environnementaux.
- Prospectus pour une chaîne de restauration : le papier a obtenu le score de 15/16.
- Promotion d’une enseigne de grande distribution : là encore, le papier a obtenu le score de 15/16.
- Facture d’électricité : bien que le match se soit révélé très serré, le papier l’a emporté avec un score de 9/16.
Le numérique n’a obtenu un score supérieur que dans le scénario relatif à la conception d’un catalogue pour une marque de mobilier. Pour cette utilisation, le papier n’a validé que 4 des 16 indicateurs environnementaux.
À l’issue de ses recherches, Quantis, grâce à l’ACV, a démontré que le papier était moins impliqué dans l’appauvrissement de la couche d’ozone (1,3 fois moins que le numérique), l’eutrophisation de l’eau douce (3,7 fois moins que le numérique), le réchauffement climatique (3 fois moins que le numérique) et l’acidification des océans (5 fois moins que le numérique).
Force est donc d’admettre que les supports papier ne sont pas aussi polluants qu’on le pense. Selon la Poste, il est même possible de réduire encore plus son empreinte environnementale en privilégiant les papiers recyclés ou labellisés FSC et PEFC. D’autres moyens, comme l’utilisation d’encres végétales ou biosourcées, la limitation des pelliculages et aplats de couleurs, un meilleur ciblage des campagnes, pourraient aussi contribuer à la préservation des ressources naturelles, et de l’environnement de manière générale.
Quels sont les avantages du papier ?
Comparativement aux supports numériques, le papier est beaucoup plus « maîtrisable » d’un point de vue écologique et durable. Disposant d’une filière efficace, il est facilement recyclable, à l’inverse des différents composants des matériels électroniques en fin de vie. Une enquête a révélé qu’en France la filière papetière parvient chaque année à transformer près de 5,2 millions de tonnes de papier.
Par ailleurs, la lecture des supports print favorise la concentration et ne dégrade pas la vision. De plus, d’après un article paru en 2018 dans la revue « Educational Research Review », la compréhension d’un texte est meilleure sur papier que sur écran.
Malgré les différentes possibilités qu’offre le numérique en matière de stockage, soulignons que le papier permet bel et bien une conservation des données, et ce sur une durée quasi-illimitée lorsqu’il est à l’abri de ses principaux ennemis : rayonnement ultraviolet, température, humidité, poussière, insectes, acidification, encres… À l’opposé des clés USB, disques durs, cloud et autres supports de stockage informatique, les papiers ne seront jamais en panne et victimes de cyber-attaques.
L’autre avantage du papier est que l’on peut revenir dessus autant de fois qu’on le souhaite, sans augmenter son empreinte carbone. Effectivement, en relisant maintes fois son roman imprimé, l’empreinte carbone reste nulle. Or, en accédant à la version Google Books du même roman, on est contraint de se connecter à internet pour ensuite effectuer une recherche : on estime cette action à 10 g en équivalent carbone.
Impression papier : est-il possible d’imprimer sans reliure ?
Oui, il est possible de contourner l’étape de la reliure quand le format ne l’exige pas. C’est notamment le cas lorsque le document que l’on souhaite imprimer ne comporte qu’un seul feuillet : affiche, poster, carte de visite, carte de fidélité, prospectus ou flyer, étiquette, autocollant, affichette, mémo, enveloppe, mantra… Le dépliant, bien qu’il comporte plusieurs volets et pages, peut également être imprimé sans reliure. Ce support est en effet imprimé sur un seul feuillet pouvant, selon les besoins du client, être plié de différentes façons (pliage simple, roulé, accordéon, économique, croisé, portefeuille, fenêtre…).
Et même si l’on désire imprimer ou faire imprimer un document comportant plusieurs feuillets, la reliure peut être facultative dans la mesure où celui-ci n’a pas vocation à créer une forte impression auprès d’éventuels clients, de prospects, jurys, partenaires… Ces documents sans reliure peuvent ainsi concerner des textes légaux, des supports de formations en entreprise, certains catalogues de produits ou de services, etc.
En revanche, la reliure apparait encore nécessaire pour l’impression d’un roman, d’une bande dessinée, d’un magazine, d’un mémoire de fin d’études, d’un dictionnaire, d’un livre pour étudiant, de certaines brochures publicitaires, d’une revue ou d’autres ouvrages utilisés à des fins promotionnelles.
Pourquoi choisir l’impression sans reliure ?
Le principal avantage de l’impression sans reliure est qu’elle permet à chacun d’économiser sur ses coûts d’impression. Quel qu’en soit le type, la reliure a un coût qui peut parfois peser lourd sur le budget d’impression, surtout lorsqu’il s’agit d’un rendu hautement qualitatif ou créatif. En supprimant l’étape de la reliure, on fait également le choix d’éviter d’avoir à réimprimer dans son intégralité un ouvrage dont certains éléments doivent être mis à jour régulièrement. C’est par exemple le cas de certains catalogues produits, des supports de formations, ou encore des textes légaux, comme nous l’avons vu précédemment.
Lorsque ces documents sont imprimés sans reliure, il est alors possible de les faire évoluer au gré de ses envies, et ce de manière aisée. Il suffit simplement de réimprimer la ou les pages modifiées, sans action supplémentaire.
Impression sans reliure écoresponsable : et si l’on privilégiait les papiers recyclés ?
Peu importe le type de document que l’on souhaite imprimer, ou faire imprimer, sans reliure. En privilégiant les papiers recyclés, on réduit sensiblement son empreinte écologique et l’on s’inscrit de facto dans une démarche environnementale globale. Mais qu’est-ce qu’un papier recyclé ? Un papier est considéré de la sorte lorsqu’il est constitué d’au moins 50 % de matières fibreuses issues de papiers, cartons, journaux usagés ou chutes industrielles.
Le papier recyclé le plus écoresponsable comprend 100 % de fibres recyclées, il n’a fait l’objet ni d’un désencrage, ni d’un blanchiment, ni d’aucune autre opération supplémentaire pour modifier ses caractéristiques.
L’avantage écologique des papiers recyclés s’explique par plusieurs facteurs, ceux-ci permettent en effet la valorisation des vieux cartons et papiers, la réduction de polluants, la maîtrise de la consommation énergétique et d’eau, la réduction des besoins en bois… En d’autres termes, les papiers recyclés s’inscrivent bel et bien dans le modèle de l’économie circulaire : on fait des déchets une ressource dédiée à la création de valeurs.
Pour imprimer sans reliure de façon écoresponsable, on a le choix entre deux types de papiers recyclés : les papiers blanchis… et ceux qui ne le sont pas. Connus sous le nom de « print », les papiers blanchis ont un rendu similaire à celui des papiers classiques. Il en est de même pour leur blancheur ainsi que leur toucher.
Pour ce qui est des papiers non blanchis, généralement nommés « offset », ceux-ci sont 100 % recyclés et se distinguent de fait par leur rendu « recyclé » apparent. Et puisqu’ils sont non blanchis, ils présentent une couleur écru, de légères imperfections et un toucher plus rêche. Quoi qu’il en soit, les papiers recyclés, qu’ils soient blanchis ou non, permettent de réaliser l’impression sans reliure de plusieurs types de documents.
Source : https://www.laposte.fr/entreprise-collectivites/a-la-une/articles/faire-des-choix-eclaires
Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1747938X18300101